Les jours de laideur

Thomas Bahr

  • Thomas Bahr - Apix Salomé Haquin - Valentin Ventosa - Félix Amard - Adèle Sierra - Florent Willamnn - Tom Coral
    Ce jus pressé a illustré l'affiche de la pièce Les jours de laideur

 

D I S T R I B U T I O N

Nicole : Apix Salomé Haquin

Alexis : Valentin Ventosa

Lucie : Adèle Sierra

Joël : Félix Amard

Lumière : Florent Willmann

Son : Tom Coral

 

R É S U M É

Les jours de laideur c’est avant tout une exploration ontologique de ce que peut provoquer la rupture amoureuse, ce qu’elle peut être, la manière dont elle peut survenir puis agir sur des êtres et les faire agir par la suite.

Nicole est miss météo à la télévision. Lorsqu’elle rentre chez elle, dans son appartement, elle trouve Alexis son compagnon ou son mari – on ne sait pas trop – avachi sur le canapé et c’est là que les choses s’enveniment. Avec des personnages dont les lignes de conduites sont floutées, dont les corporéités se délitent, évoluant dans une temporalité brouillée par des événements qui se ressassent, qui se rejouent et se modifient allègrement, la pièce tend à développer sa propre métrique, son propre fil rouge en cherchant ce qui aurait pu se passer et non pas ce qui doit se passer.

Seul l’espace semble résister au bouleversement de l’action : c’est un huis-clos duquel on pourrait sortir mais où l’on préfère rester, comme un cocon douillet.

Avec incongruité, la pièce explore à sa manière le moyen d’ébranler un modèle hétéro-patriarcal dominant. Nicole n’est ni une potiche, ni une belle plante nous fait-elle savoir mais n’est pourtant qu’une illustre représentation de ce modèle : piégée dans son appartement à faire le ménage, coincée dans les écrans de télévision des hommes qui la regardent. À elle seule elle ne peut s’émanciper d’une telle structure. Peut-être qu’avec l’aide du canapé, de l’étrange duo Lucie / Joël et d’un bon revolver y parviendrait-elle… 

 

E X T R A I T

NICOLE.- Je prends ma profession très au sérieux Alexis.  Si tu ne comprends pas cela on n’a plus rien à se dire toi  et moi.  
ALEXIS.- Ne t’emballe pas.
NICOLE.- Si je m’emballe. Si je m’emballe. Tu me juges :  tu oses me juger alors que tu n’es pas fichu de te lever  pour trouver du travail.  
ALEXIS.- Mais non.
NICOLE.- Qui a besoin d’un travail quand sa jolie petite femme gagne assez pour deux ? C’est ça hein. Tu crois que je vais m’occuper de toi pendant que t’iras te vanter de la jolie plante qui passe à la télé et que tu baises allègrement. Je vais te dire que ce temps là est fini. Révolu. Tu m’entends ? J’ouvre les yeux aujourd’hui.  
ALEXIS.- Tu délires Nicole.
NICOLE.- Non je m’énerve.
ALEXIS.- Inutilement.
NICOLE.- Non non. Tout est très clair à mes yeux. Tu ne me sers à rien tu n’es qu’une serpillière.
ALEXIS.- Nicole.
NICOLE.- Qu’est-ce que tu as fait aujourd’hui. Je parle :  qu’as-tu fait de constructif ?
ALEXIS.- Je… heu…
NICOLE.- Rien rien du tout mec. T’as pas bougé ton cul du canapé puant. Tu empestes la procrastination à deux kilomètres à la ronde. Tu es atteint de procrastination chronique Alexis navrée de te le dire.  

 

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